Quelles sont les déformations professionnelles des spécialistes de l’accessibilité numérique ? – GAAD 2024

Dans le cadre de la journée mondiale de sensibilisation à l’accessibilité de 2024 (Global Accessibility Awareness Day), des membres de l’équipe d’Ideance ont répondu à une question sur l’accessibilité numérique et le métier de consultant et consultante en accessibilité. Retrouvez l’ensemble des podcasts sur le billet de blog dédié.

Découvrez la question/réponse de Sonia au format audio, suivie de sa transcription textuelle.

Podcast

Transcription textuelle

Bonjour, je suis Sonia Prévost, consultante accessibilité numérique chez Ideance. J’ai rejoint le domaine de l’accessibilité numérique il y a environ un an à la suite de plusieurs déclics. Aujourd’hui, je vais vous parler des déformations professionnelles qu’on expérimente quand on travaille dans l’accessibilité numérique.

Quand j’ai commencé à travailler comme consultante, je ne me suis pas rendu compte tout de suite de ce qui allait m’arriver. Avant, je naviguais sur internet en toute tranquillité. Parfois, je trouvais les choses un peu mal faites, pas très pratiques mais rien de très gênant en soi. Depuis quelques mois, il m’est devenu assez difficile de parcourir un site internet, un post sur un réseau social sans repérer les défauts d’accessibilité et sans aller les regarder en détail. Ce n’est plus aussi facile qu’avant parce que maintenant je sais toutes les difficultés que rencontrent les personnes handicapées. Laissez-moi vous raconter mes petites déformations professionnelles qui font monter parfois très vite mon taux d’agacement.

La première chose que je regarde, c’est la présence d’un lien d’évitement qui permet d’aller directement au contenu. Vous savez, ce petit lien qui apparaît quand on navigue au clavier. Quand il n’y en a pas, je pense aux personnes déficientes motrices qui vont devoir cliquer parfois 15 fois avant de pouvoir lire le contenu de la page. Et ceci, pour chaque page du site.

J’ai toujours à portée de main une petite pipette qui me permet de prélever les couleurs d’un site et ainsi, de vérifier les contrastes entre couleur de première-plan et couleur d’arrière-plan. Maintenant que j’ai l’œil un peu plus aiguisé, mon visage se crispe immédiatement quand je vois des textes en jaune ou en orange sur fond blanc, parce que je sais que ce ne sera pas suffisamment contrasté. Et donc que les personnes malvoyantes ou daltoniennes vont peiner à lire ou manquer des informations.

Je ne peux pas m’empêcher non plus d’aller vérifier les alternatives textuelles des images. Et quand je vois qu’il n’y a parfois même pas d’attribut alt, je me mets à la place de la personne qui va entendre « image sans libellé » autant de fois qu’il y a d’images sans ce fameux attribut.

Je ne vous raconte pas quand je suis par exemple sur Linkedin et que je lis des publications avec du faux gras et des tonnes d’émoji. Je me retiens de toutes mes forces de ne pas mettre un petit commentaire pour renvoyer les créateurs et créatrices de contenu vers des articles qui démontrent par a + b pourquoi c’est très dérangeant pour les personnes qui utilisent un lecteur d’écran.

Enfin, il faut qu’on parle des vidéos. Celles qui ne sont pas du tout sous-titrées, celles qui sont partiellement sous-titrées, celles qui sont mal sous-titrées, celles dont les sous-titres ne sont pas suffisamment contrastés. Le monde d’aujourd’hui est rempli de vidéos et les personnes sourdes notamment n’y ont pas souvent accès et sont mis de côté.

La liste est longue des défauts d’accessibilité et je pourrais en parler pendant des heures mais je vais m’arrêter là.

Voilà, maintenant vous savez ce qui se passe quand des spécialistes de l’accessibilité numérique naviguent sur internet, dans notre vie de tous les jours. Travailler dans l’accessibilité numérique, ce n’est pas juste rendre conforme ou non conforme des critères d’un référentiel, c’est se mettre chaque jour à la place des personnes handicapées. Et vérifier, site après site, que la grande majorité d’entre eux n’est pas accessible et mettent de côté tout une partie de la population.

Alors, que faut-il faire pour baisser mon niveau d’agacement et surtout améliorer l’accessibilité de vos sites Internet et de vos applications mobiles ? Formez-vous, sensibilisez-vous, intégrer des cursus d’accessibilité numérique dans vos formations de développement web, de produit et de design. Car, nous ne nous lasserons jamais de le répéter : quand l’accessibilité numérique est prise au début des projets, c’est tout le monde qui y gagne.

Et vous, qu’est-ce qui fait monter très vite votre taux d’agacement ? Quels sont vos petites manies quand vous naviguez sur Internet ?

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