Clarté des nombres

Les nombres sont nécessaires pour transmettre des informations essentielles : dates, statistiques, codes, calculs, etc.

Pourtant, leur compréhension, leur mémorisation ou leur utilisation peuvent représenter un défi pour un certain nombre de personnes :

  • Des personnes avec un handicap mental.
  • Des personnes ayant des troubles cognitifs, comme les troubles DYS (en particulier la dyscalculie) ou le TDAH.
  • Des personnes confrontées à une anxiété liée aux mathématiques ou à une faible littératie numérique.

La dyscalculie, en particulier, complique les calculs mentaux, la lecture de nombres ou la gestion de quantités. Elle touche des zones du cerveau impliquées dans le traitement numérique et la mémoire de travail.

La mémoire de travail permet de retenir et manipuler temporairement des informations nécessaires à une tâche. Lorsqu’elle est altérée, même des actions simples peuvent devenir plus difficile. Ce n’est ni un manque d’intelligence, ni un manque de volonté.

Outre la dyscalculie, d’autres troubles peuvent impacter la mémoire de travail :

  • Le TDAH.
  • Les maladies neurodégénératives (comme Alzheimer).
  • Les maladie mentales, comme la dépression.

Cet article propose un tour d’horizon des difficultés rencontrées puis des règles et bonnes pratiques concrètes à adopter pour rendre les interfaces plus claires.

Pourquoi les nombres peuvent poser problème ?

Plusieurs types de difficultés peuvent compliquer l’accès aux informations chiffrées :

  • La mémoire de travail.
    Certaines personnes ont du mal à retenir temporairement un nombre ou un code, surtout lorsque plusieurs étapes sont à gérer simultanément.
  • La compréhension et la manipulation des nombres.
    Le calcul mental demande des efforts cognitifs, qui peuvent être amplifiés par des troubles spécifiques.
  • La lecture et l’interprétation des chiffres.
    La lecture des nombres très longs, des chiffres romains ou des formats de date ambigus peut être source de confusion.
  • Les émotions liées à la manipulation des chiffres.
    Un calcul mal compris ou une difficulté à saisir une donnée peut générer frustration, sentiment d’échec ou même de l’anxiété, limitant ainsi la confiance et l’engagement dans l’environnement numérique.

Fournir des alternatives au chiffre romain

Les chiffres romains, bien qu’encore largement utilisés dans certains contextes (historiques, culturels, juridiques), sont souvent source de confusion ou d’erreur. Leur lecture demande un effort supplémentaire, notamment pour :

  • Les personnes ayant des troubles cognitifs ou DYS (comme la dyslexie ou la dyscalculie), pour qui la structure non décimale des chiffres romains est plus difficile à interpréter.
  • Les lecteurs d’écran, pour lesquels la prononciation ou l’interprétation de « XIVe » peut être inexacte ou ambiguë selon le logiciel utilisé (certains peuvent lire « i, v, e » au lieu de « quatorzième »).

Bonne pratique

Proposer une alternative en chiffres arabes (les plus courants), tout en conservant éventuellement le chiffre romain à titre de repère.

Par exemple :

  • « Au début du XIVe (14e) siècle ».
  • Ou « Au début des années 1300 ».

Cette écriture permet de rendre l’information plus claire sans alourdir le texte.

Simplifier la présentation des grands nombres

Les nombres très longs sont souvent difficiles à lire et à mémoriser.

Lorsqu’on le peut, il est préférable de les simplifier en unités arrondies pour en faciliter la compréhension.

Si ce n’est pas possible, pensez à les rendre plus lisibles en ajoutant des espaces visuels, notamment pour les numéros de téléphone, identifiants ou montants.

Bonne pratique

Au lieu de « 587 250 040 habitants », préférez « Plus de 587 millions d’habitants ».
Cela réduit la surcharge cognitive et améliore la mémorisation.

Au lieu de « 0639980000 », préférez « 06 39 98 00 00 ».
Un format espacé est plus lisible, plus facilement mémorisable, et limite les erreurs de saisie.

Fournir une date clair

Les formats de date comme « 11/02/2005 » ou « 2005/02/11 » peuvent prêter à confusion, en particulier pour des personnes DYS ou dans un contexte international.

Évitez d’abréger les noms de mois (ex. : févr. ou nov.), car cela peut créer de la confusion ou être mal lu par les lecteurs d’écran.

Une mauvaise compréhension d’une date peut avoir des conséquences concrètes : rater une échéance, se présenter au mauvais moment, ou remplir incorrectement un formulaire.

Formats à privilégier

Adoptez des formulations claires, explicites et complètes :

  • « Vendredi 11 février 2005 ».
  • « Le 11 février 2005 ».

Ces formats améliorent la lisibilité et réduisent les risques de mauvaise interprétation.

Expliquer les erreurs sur l’écriture des nombres

Il est fréquent, dans un formulaire, de devoir saisir des dates, des montants ou d’autres types de données chiffrées.

Or, le format attendu par l’interface ne correspond pas toujours à la façon dont la personne l’écrit naturellement. Cela peut entraîner des erreurs, de l’incompréhension et de la frustration.

Pratique attendu 

Avant tout, prévenir l’erreur est essentiel. Si un champ de formulaire attend un format particulier, il est indispensable de l’indiquer clairement.

Par exemple : « Format attendu : JJ/MM/AAAA ».

En cas d’erreur, ne laissez pas l’utilisateur seul face à un message vague ou technique. Fournissez un message d’erreur explicite, clair et utile.

Par exemple : « Le format de la date n’est pas valide. Format attendu : JJ/MM/AAAA. Exemple : 01/01/2001 ».

Ce n’est pas simplement une bonne pratique de conception. C’est une exigence d’accessibilité numérique, inscrite dans le RGAA (Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité).

Critères concernés :

Utiliser des visuels pour appuyer les données chiffrées

L’ajout de schémas, infographies ou illustrations explicatives peut grandement faciliter la compréhension, notamment pour les personnes avec des troubles cognitifs.

Pourquoi les visuels aident :

  • Ils transforment des données abstraites en éléments visuels concrets.
  • Ils réduisent la charge cognitive des calculs ou des interprétations mathématique.
  • Ils offrent une double possibilité de compréhension : visuelle + textuelle, ce qui répond aux principes du langage clair.

Bonne pratique

  • Schéma et graphique simple.
  • Infographie.

Exemple :

« Le conjoint aura droit à 1/4 de la propriété, et les 3/4 restants seront partagés entre les enfants. » peut être accompagné d’un diagramme circulaire pour représenter les parts.

Ne demander pas de retenir des informations

La mémoire de travail peut être fragilisée chez certaines personnes notamment les personnes avec des troubles cognitifs. Cela ne signifie pas un manque d’intelligence, mais plutôt une difficulté à maintenir temporairement une information en tête pendant qu’on effectue une autre tâche.

Exemple problématique :

« Retenez bien cette information pour la suite »

Bonne pratique

Affichez toujours les informations importantes de manière visible et continue, surtout si elles sont nécessaires pour effectuer une action (un code à recopier, une consigne, un numéro, etc.) jusqu’au moment de son utilisation.

Ne demandez pas de réaliser des calculs mentaux ou complexes

Certains systèmes de protection contre les spams (CAPTCHA), imposent la résolution d’un calcul pour accéder à un service. Ce type d’interaction peut poser de réelles difficultés pour les personnes ayant des troubles cognitifs, en particulier celles atteintes de trouble qui affecte la capacité à manipuler, organiser ou comparer les nombres et les quantités.

Cette charge cognitive supplémentaire pour la réalisation de tâche mathématique peut générer frustration, sentiment d’échec, voire anxiété.

Exemples problématiques :

  • Une CAPTCHA où les chiffres sont remplacés par des symboles, demandant un calcul du type : 2 x 🟦 = ?
  • Des devinettes comme : « J’ai 6 filleuls. Ma sœur en a trois fois moins que moi. Combien de filleuls à ma sœur ? ».

Témoignages d’utilisateurs

Captcha sur les dés totalisant 14 :

« Vous devez sélectionner les dés qui donnent 14. Si vous échouez, vous recommencez… encore et encore. J’ai passé plus de 30 minutes dessus. »

Ce type de CAPTCHA mêle vision, addition mentale et interprétation visuelle. Une triple barrière qui peut générer une exclusion ou une réelle fatigue mentale.

Source : Ce nouveau captcha buggy « Trouvez les dés qui valent 14 » doit disparaître (reddit).

Captcha mathématique et contexte du site :

Une personne raconte :

 « On m’a demandé un calcul sur un site de neurologie, alors que j’avais déjà des difficultés cognitives… J’ai fini par pleurer à cause de ce captcha. »

Source : Je déteste les CAPTCHA (reddit).

Bonne pratique

Évitez toute forme de devinette mathématique, ou de logique implicite qui demande un effort de réflexion non justifié.

Choix de la typographie

Certaines polices de caractères peuvent prêter à confusion, en particulier lorsque des lettres et des chiffres se ressemblent.

Cela peut poser des difficultés de lecture ou d’interprétation, notamment dans les codes, identifiants ou acronymes techniques.

Exemples de confusions fréquentes :

  • 0 (zéro) et O (o majuscule).
  • 1 (un) et l (L minuscule) ou I (i majuscule).
  • a11y (abréviation de « accessibility ») pouvant être lu comme « ally ».

Ces ambiguïtés peuvent nuire à la compréhension de l’information, particulièrement chez les personnes rencontrant des difficultés de lecture.

Bonne pratique

Être attentif au choix de la typographie utilisée en s’assurant que les lettres et les chiffres ne disposent pas de la même forme.

En résumé

La clarté des nombres ne se résume pas à leur présence ou à leur exactitude. Elle repose sur leur lisibilité et leur compréhensibilité.

Appliquer des principes du langage clair de manière globale, permet de réduire les inégalités d’accès à l’information, diminuer la frustration et les erreurs.

2 commentaires

  1. Remi , le

    Pour les dates en exemple, mieux vaut donner un exemple avec un nombre supérieur à 12 pour le jour afin d’identifier le mois et le jour.

    La notation « JJ/MM/AAAA » bien que conseillée un peu partout, y compris dans le WCAG, n’est pas vraiment « accessible » aux non initiés

    « Le format de la date n’est pas valide. Format attendu : jour/mois/année (JJ/MM/AAAA). Exemple : 31/12/2025 ».

    Note: Idéalement parlant, la logique du code pourrait gérer les dates entrées sans les chiffres manquants : « 5/8/25 » -> « 05/08/2025 »

    1. Élisa Greder Autrice , le

      Bonjour Rémi,
      Merci pour votre message et votre proposition pertinente.
      Belle journée.

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